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Certificat de travail intermédiaire : explication et modèle

icon calendar 11 septembre 2025

En Suisse, un salarié peut demander un certificat de travail intermédiaire à tout moment, sans attendre la fin de son contrat. Ce document doit refléter objectivement sa situation professionnelle actuelle.

Mais comment éviter les maladresses de formulation, les sous-entendus involontaires ou les erreurs juridiques ? En tant qu’employeur, l’enjeu est de rédiger ce certificat avec clarté, rigueur et bienveillance, en respectant les usages du droit suisse.

Ce guide vous explique quand et comment le faire, avec un exemple commenté.


A retenir :

  • En Suisse, tout salarié peut demander un certificat de travail intermédiaire à tout moment, sans attendre la fin de son contrat.
  • Ce droit est inscrit à l’article 330a du Code des obligations, qui garantit une évaluation portant sur le poste, la durée, la qualité du travail et la conduite.
  • Le certificat intermédiaire suit la même structure qu’un certificat final, mais il est rédigé au présent, car il reflète la situation actuelle.
  • Il doit mentionner l’identité du collaborateur, son poste, ses missions précises, son comportement professionnel et les formations suivies.
  • Le document doit préciser qu’il est établi à la demande du salarié, ce qui en fait un certificat intermédiaire et non final.
  • Il est souvent demandé en cas de changement de supérieur, de mutation interne, de réorganisation, de préavis ou pour un bilan de carrière.
  • Sa rédaction doit être claire, factuelle et bienveillante, sans formules ambiguës ni langage codé, conformément aux usages suisses.
  • Bien rédigé, ce document permet de valoriser un parcours en cours, de prévenir les conflits et de reconnaître l’engagement du salarié.

Qu’est-ce qu’un certificat de travail intermédiaire ?

Définition et cadre légal selon l’article 330a du Code des obligations suisse

L’article 330a al. 1 du Code des obligations indique que tout salarié a droit de demander un certificat de travail en tout temps durant l’emploi, ainsi que jusqu’à 10 ans après la fin du contrat. Au-delà de ce délai, le droit à ce certificat est prescrit.

Ce droit s’applique aussi bien à la fin du contrat qu’en cours d’emploi : on parle alors de certificat intermédiaire. Il dresse un état des lieux de la situation professionnelle en cours du salarié.

Contenu et spécificités du certificat intermédiaire

En Suisse, le certificat de travail intermédiaire suit la même structure qu’un certificat final, avec un niveau de détail équivalent. La principale différence réside dans le temps utilisé : il est rédigé au présent, car il reflète la situation actuelle du salarié.

Il mentionne l’identité du collaborateur, son poste actuel, ses missions, ses responsabilités et les compétences mobilisées. Il inclut également les formations suivies, ainsi qu’une évaluation de ses performances et de son comportement professionnel. Enfin, le document précise qu’il est établi à la demande du salarié, ce qui distingue clairement sa nature intermédiaire. Il doit être bienveillant, objectif, et sans langage codé.

Différences entre certificat intermédiaire, certificat final et attestation de travail

Le certificat intermédiaire est délivré en cours de contrat. Il fournit une évaluation détaillée des fonctions exercées, des compétences mises en œuvre et du comportement du salarié, le tout rédigé au présent pour refléter la situation actuelle.

Le certificat final, quant à lui, est remis à la fin de la relation de travail. Il reprend les mêmes éléments, mais au passé, et peut inclure le motif de départ, bien que ce ne soit pas obligatoire.

Enfin, l’attestation de travail se limite à une simple confirmation de l’emploi occupé par le salarié et de sa durée. Elle est plus succincte et ne comporte aucune appréciation sur la performance ou le comportement de ce dernier.

Dans quelles situations un salarié peut-il le demander ?

Plusieurs événements justifient légitimement une demande de certificat intermédiaire de la part du salarié, dont voici plusieurs exemples. 

  • Changement de supérieur hiérarchique : pour éviter que l’évaluation du salarié ne repose uniquement sur le regard du nouveau manager.
  • Changement de poste ou mutation interne : pour appuyer son dossier en cas de mobilité horizontale ou promotion.
  • Réorganisation ou rachat de l’entreprise : pour sécuriser sa trajectoire avant des bouleversements.
  • Période de préavis : pour valoriser son profil lors d’une recherche d’emploi.
  • Bilan professionnel ou point de situation personnel : pour faire le point sur ses compétences et obtenir un retour formel avant de s’engager dans une formation ou une réorientation.

Un employeur peut exiger que le salarié motive sa demande (changement de poste, formation, projet de mobilité…), mais il ne peut pas refuser sa demande si un intérêt professionnel clair est établi.

Modèle de certificat de travail intermédiaire

La logique de rédaction d’un certificat intermédiaire suit celle d’un certificat final. Il est possible de s’appuyer sur un modèle de certificat de travail suisse classique, en l’adaptant au présent et à la situation en cours de contrat.

Voici un exemple :

CERTIFICAT DE TRAVAIL INTERMÉDIAIRE

Monsieur Pierre Dupont, né le 15.04.1985, est employé par notre entreprise depuis le 01.10.2018 en tant que responsable logistique au sein du département opérations.

Dans le cadre de ses fonctions, il est chargé de :
– la coordination des flux logistiques intersites ;
– la gestion d’une équipe de 5 personnes ;
– la mise en œuvre de projets d’optimisation des stocks et de digitalisation ;
– le suivi budgétaire de la chaîne logistique.

Monsieur Dupont fait preuve d’un excellent sens de l’organisation, d’une forte autonomie et d’un leadership naturel. Il entretient des relations de travail très positives avec ses collègues, sa hiérarchie et nos partenaires.

Ce certificat est établi à la demande de M. Dupont, qui est toujours en poste à ce jour.

Nous le remercions pour son engagement et espérons poursuivre une collaboration fructueuse.

Lausanne, le 5 juin 2025
Signature RH

Ce que chaque formule apporte au document :

  • « Est employé depuis le… » : indique que le contrat est toujours en cours.
  • « Est chargé de… » : la tournure au présent est obligatoire dans un certificat intermédiaire.
  • Descriptions précises des missions : permet d’éviter les formules vagues et de rester concret.
  • « Fait preuve de… » / « entretient de bonnes relations… » : les formulations sont valorisantes mais neutres, conformes aux attentes du droit suisse (pas de jugement excessif ni de langage codé).
  • « À la demande de… » : distinction obligatoire d’un certificat intermédiaire.
  • Formule de remerciement : elle est attendue, même si le salarié reste en poste (culture suisse).

Comment bien rédiger un certificat de travail intermédiaire

Un certificat intermédiaire conforme au droit suisse doit être rédigé au présent, puisque son but est de refléter la situation actuelle du salarié. Il doit rester clair, objectif et structuré, sans formules ambiguës ni langage codé.

Les tournures à double sens sont interdites, tout comme les omissions délibérées qui pourraient induire le lecteur en erreur. Certaines formulations apparemment neutres peuvent en réalité dissimuler des réserves, comme on le voit dans certains exemples de certificats de travail négatifs. Le ton employé doit rester bienveillant, sans pour autant enjoliver la réalité : l’évaluation doit être sincère, précise et fondée sur des faits.

Pour garantir sa qualité et son utilité, il est important de respecter quelques principes simples :

  • mentionner les compétences réellement mobilisées dans le poste, avec des verbes concrets (organiser, superviser, développer…) ;
  • préciser le périmètre d’action du salarié : équipe encadrée, budget géré, projets menés, etc ;
  • inclure les formations suivies en lien avec le poste ou les responsabilités futures ;
  • donner une appréciation claire sur la performance et le comportement professionnel, sans superlatif inutile mais avec des faits.

Côté forme, le certificat doit tenir sur une seule page, être daté, signé, et indiquer clairement qu’il a été demandé par l’employé. Il est d’usage de suivre un modèle de certificat de travail suisse, en l’adaptant à la situation en cours.

Un bon certificat n’est pas qu’un document administratif : il permet au salarié de valoriser son expérience en interne ou en externe, et à l’employeur de formaliser son évaluation. Il constitue souvent un indicateur de référence dans un recrutement ou une évolution future. D’où l’importance de le rédiger avec rigueur.

Ainsi, le certificat de travail intermédiaire n’est pas un simple document administratif. Il permet au salarié de valoriser son expérience en cours de contrat, d’anticiper un changement ou de se positionner sur de nouvelles opportunités. Pour l’employeur, c’est l’occasion de reconnaître le travail accompli, juger des qualités du salarié, et d’éviter les malentendus. Il constitue un point d’appui objectif pour alimenter un entretien, une promotion ou une décision managériale. Mieux vaut donc le rédiger avec précision, en respectant les règles de forme et de fond.